Bernard Grasset, aventurier du livre

Publié le par Michel Boissard

Bernard Grasset, aventurier du livre

 

 

C’est un curieux roman que nous procure Christophe Bataille. Son héros a révélé le nîmois André Chamson et édité l’audois Joseph Delteil. Au cœur des années 1930, il publie les « 4 M » : Mauriac, Maurois, Montherlant et Malraux. Plus tard, sous l’égide de son nom seront également promus le cévenol Jean-Pierre Chabrol, la romancière algérienne Malika Mokkedem, qui vit et crée à Montpellier, ou le nîmois Jean-Pierre Milovanoff … Donc, notre héros avait « l’œil de Proust », ce qui le rendait photogénique. Et « la bouche d’Hitler », ce qui ne le gêna nullement sous l’Occupation, tout au contraire. Il lança Raymond Radiguet. Le dramaturge Edouard Bourdet en fît un personnage de comédie à succès avec « Vient de paraître » en 1927. Or donc, voici Bernard Grasset ressuscité dans son Q.G de la rue des Saints-Pères. Par un nommé Kobald, son ami et lecteur de manuscrits favori (qui ressemble fort à l’écrivain nîmois André Fraigneau, lequel tourna mal pendant la deuxième Guerre mondiale). Et voici un tableau cruel, souvent surréaliste, de l’univers de l’édition dont le maître-mot est le verbe vendre. Vendre des mots. « Parfois l’électricité dévore les mots : les feux de la rampe (…) Parfois l’éditeur mâche son papier et meurt empoisonné. C’est peut-être ça la littérature ?  »

 

Michel Boissard

 

 

Quartier général du bruit, C. Bataille, Grasset, 2006, 11,90 euros

Publié dans articles La Gazette

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