Les Gide d’Uzès

Publié le par Michel Boissard

Les Gide d’Uzès

 

Les Gide – l’emploi du pluriel s’impose – sont liés à l’Uzège et aux Cévennes. Leur lignée est sans doute originaire d’Italie, de la région de Florence. Embrassant le parti de la Réforme, leur choix les projette vers les terres d’élection du protestantisme, le némausais, Uzès, et en particulier Lussan, où naquit le grand-père de l’écrivain, Tancrède, éminent juriste et, durant près de trente ans, Président du tribunal d’Uzès. Ses deux fils Paul, le père d’André, et Charles, son oncle, seront également des juristes, et la mémoire nîmoise a conservé le nom de Charles Gide, le père-fondateur de « L’Ecole de Nîmes » de l’économie sociale, initiateur du mouvement coopératif et mutualiste. André Gide, né à Paris en 1869, se défendra de cet ancrage géographique méridional. Répondant à Maurice Barrès qui exalte le nationalisme « de la terre et des morts », il dira : « Né d’un père uzétien et d’une mère normande, où voulez-vous que je m’enracine ? J’ai donc pris le parti de voyager. » Pourtant lorsqu’il publie en 1920 ses souvenirs, sous le titre « Si le grain ne meurt », on aura rarement lu des pages aussi pénétrantes, harmonieuses et classiques sur l’Uzège. « J’aimais passionnément la campagne aux environs d’Uzès, la vallée de la Fontaine d’Eure et, par dessus tout, la garrigue. » Plus loin, cette invocation lyrique : «  O petite ville d’Uzès ! Tu serais en Ombrie, des touristes accourraient de Paris pour te voir ! » Ce goût pour la lumière du Sud, cette aptitude à se sentir en communion avec les choses et les êtres, nourrissent l’œuvre de Gide (Les nourritures terrestres, 1897). La disponibilité, la ferveur, l’esprit de liberté firent d’André Gide un intellectuel engagé contre le colonialisme et le fascisme, et un écrivain parmi les plus grands du XXème siècle, un moraliste, couronné en 1947 par le Prix Nobel de Littérature.

Publié dans biblinimes

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