Le sommeil de la raison…enfante des monstres

Publié le par Michel Boissard

                                    Le sommeil de la raison…enfante des monstres

 

Le romancier espagnol Juan Miguel Aguilera commet ce que Hegel appelle un « anachronisme nécessaire ». A son roman qui a pour cadre le clair-obscur entre la fin du Moyen-âge et le début de la Renaissance, il donne pour titre l’un des plus remarquables « Caprices » gravés par Goya – le contemporain capital du Siècle des Révolutions. Le surnaturel de celui-ci faisant écho au fantastique de Brueghel et de Jérôme Bosch. Le sommeil de la raison enfante des monstres. Auxquels sont confrontés les héros de cette science-fiction historique. Le premier, Luis Vives, l’humaniste valencien a existé. Comme son ami Erasme de Rotterdam. L’auteur du subversif « Eloge de la folie ». De même que Tomas More, le démiurge anglais de « L’Ile d’Utopie ». Vives symbolise ici l’un des ces « falasiffa » - de  ces philosophes hétérodoxes dont parle Aragon dans le « Fou d’Elsa ». Un rebelle qui vit la chute du Royaume arabe de Grenade, la Reconquista catholique et la découverte du Nouveau Monde (1492). Quant à Céleste, le second personnage de ce road-movie à travers l’Europe deCharles-Quint, de Copernic et de Loyola, c’est une sorcière au sens de possédée, mais aussi de visionnaire croisant la route du séducteur – Don Juan, et du saint – Jean de la Croix. Alchimie et sectes n’étant là que pour faire contrepoint aux noces étranges de la mystique et de la raison.

 

Michel Boissard

 

Le sommeil de la raison,  JM Aguilera, Au Diable Vauvert, 2006, 24 euros.

 

Publié dans articles La Gazette

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