Deux hommes à la mer .
Deux hommes à la mer ….
Deux hommes conversent. Ils se sont rencontrés fortuitement. Au bord de la mer. Sur la plage de la Corniche, à Sète. L’un d’eux – on le nommera « Moi » - est Paul Valéry. Son interlocuteur s’appelle « Le Docteur ». C’est le dédicataire de ce texte daté des années 1930 : le professeur de médecine Henri Mondor. Le fruit de leurs échanges s’intitule « L’Idée fixe ». Une œuvre contemporaine de la crise de l’esprit qui, selon Valéry, a marqué le début du siècle que nous venons de quitter. Exprimant l’inquiétude engendrée par la modernité. Dédoublée entre les deux protagonistes de ce dialogue philosophique. Le métaphysicien en proie au doute existentiel. Le matérialiste solidement implanté dans le présent. Le « Robinson intellectuel » pour lequel la mer est un lieu d’errance. Le scientifique, en pleine vacance de l’esprit, qui y voit un prétexte pour peindre et pécher. Mais de quoi discutent-ils ? Du « mal de l’activité ». Qui, chez l’un, nourrit le vague à l’âme, et chez l’autre, l’ennui. Tout y passe. Problèmes de société, morale, savoirs … Pour arriver à cette conclusion : « Peut-être fixe (si quelque choie peut l’être) ce qui n’est pas une idée. Une idée est un changement, ou plutôt un mode de changement. » Dédié aux sectateurs de la pensée unique, ce qui est devenu un spectacle théâtral interprété par Pierre Arditi et Bernard Murat. Significativement sous-titré « Deux hommes à la mer ».
Michel Boissard
L’Idée fixe, P. Valéry, L’Avant-Scène Théâtre, n° 1216, 2007, 12 euros