Portrait d’un socialiste atypique
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L’historien Jean Sagnes nous procure un remarquable portrait d’Edouard Barthe (1882-1949). Natif de Béziers, parlementaire de l’Hérault de 1910 à1942, nul n’aura, autant et mieux que ce pharmacien devenu questeur de l’Assemblée Nationale, mérité l’épithète de Député du vin. Son père lui-même a servi dans de grands domaines viticoles. Avant d’acquérir et d’exploiter quelques dizaines d’hectares du côté de Montblanc. Commune dont son fils deviendra Maire dès 1925. A cet ancrage originel s’ajoute la méritocratie républicaine qui fait de cet enfant de la terre un étudiant montpelliérain. Fréquentant tôt les milieux socialistes héraultais. Au point qu’à 28 ans, diplôme en poche, le voici parmi les figures pionnières du réformisme méridional. Manœuvrier habile, pour son coup d’essai il fait de la sauvegarde du patrimoine viticole le dénominateur commun d’une liste « nègre-blanc ». Intitulée « Liste de la viticulture », elle comprend un radical indépendant, un conservateur bon teint et un socialiste SFIO ! Lesquels intègrent ensemble le Sénat en 1906… Avec retour d’ascenseur en 1910 pour Barthe : il est élu député de Béziers avec les mêmes soutiens hétérodoxes. Il le demeure jusqu’à Vichy. Endossant dès 1924 l’habit envié d’administrateur de la Chambre des Députés. Fonction qu’il partage avec le gardois Hubert-Rouger, Maire de Nîmes. De communes convictions modérées les conduisent l’un et l’autre à voter les pleins pouvoirs à Pétain en 1940. Cette ombre au tableau n’oblitère pas une carrière qui se prolongera après-guerre au Sénat .. Et nous vaut, vu de l’intérieur du prisme du Pouvoir, le journal lucide et passionnant d’un socialiste atypique. Face à la plus grande défaite de notre Histoire.
Michel Boissard
Le combat d’un parlementaire sous Vichy, Journal des années de guerre (1940-1943),
E. Barthe, Editions Singulières, 2007, 25 euros
