EDUARDO MANET, LES REGARDS D’URBANITE

    

Une heureuse rencontre nous procure ce subtil recueil de nouvelles. A l’enseigne des « Editions des Busclats » (le nom de la maison du poète René Char à L’Isle-sur-la-Sorgue), Marie-Claude Char et la romancière biterroise Michèle Gazier initient une collection de textes courts, écrits par des auteurs reconnus. « Un voyage inattendu dans leur imaginaire ». Le romancier franco-cubain Eduardo Manet, né dans les années 1930, auteur de « L’Ile du Lézard vert » (Goncourt des lycéens 1992) et de « Rhapsodie cubaine » (Prix Interallié 1996), nous offre ainsi d’étonnants regards d’urbanité. Bilingue, l’écrivain promène sa double nationalité entre Irun et Hendaye. Ici, « on déjeune à treize heures », tandis que là « on se met à table vers les quinze heures »… Mais ce n’est pas la seule particularité du pays basque… Sous le masque d’un médecin hématologue réputé, le narrateur du récit qui a pour théâtre l’antique cité marocaine « adossée aux contreforts de l’Atlas »,  se convainc que ce n’est pas lui qui est venu à Agadir mais Agadir qui est venue à lui.  Pour y connaître la jeune Azalée et y rencontrer son destin. Modeste professeur d’espagnol et amant de Marthe, P.D.G d’un grand institut de sondage, Enrique traverse les affres de la passion puis connaît celles de la grâce mystique dans les ombres londoniennes de la Tamise…Tandis que James et Evelyne Weston Sherman, universitaires distingués de la côte Est des Etats-Unis, vivent sous le ciel impeccable de Boston, l’inexpiable affrontement de leurs deux filles. La disgracieuse  Serena dotée d’un QI de génie, opposée  à la belle mais assez bécasse Blossom (Bouton de rose)… Sur une musique qui mêle les rythmes de Cole Porter aux harmonies de Mozart…

                                                                                                                                          Michel Boissard

Quatre villes profanes et un paradis, E. Manet, Editions des Busclats, 2010, 15 euros