EROSTRATE EST DE RETOUR…

Publié le par Biblinimes

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Terroriste, sacrément terroriste - au sens propre - l’acte brutal,  insoutenable, inconcevable : la destruction criminelle du Parthénon !   « Le vendredi 17 de ce mois, à 20h13 (…) le sommet de la colline s’est trouvé enveloppé d’un nuage de poussière et de fumée. On a entendu ensuite le craquement sourd des marbres qui s’écroulaient. » La stupeur est partagée : « J’ai du mal à parler de cela - dit un gardien des lieux - là où Il se dressait, il n’y avait plus que le ciel. ». Mais qui et pourquoi ? Un jeune homme, Ch. K.,  l’officialité se limite à un anonymat vengeur, pour stigmatiser l’héritier monstrueux du nommé Erostrate, incendiaire, en 356 av. JC, du Temple d’Artémis à Ephèse ! Des témoignages recueillis, il appert que l’individu vivait en solitaire. Parlait d’une voix basse. Vousoyait ses contemporains. Avait un comportement fébrile. Qu’on ne sait rien de sa famille et qu’on se demande bien ce qu’il a dans la tête. Qu’il refusait d’être adulte et « qu’il est habité par une forme de messianisme ». Alors, ce geste sidérant ? Acte gratuit à la manière de Lafcadio, le héros des « Caves du Vatican » d’André Gide ? Rejet d’un symbole du monde occidental, qu’un bien oublié dirigeant soviétique de la Guerre froide, M.Khrouchtchev, avait menacé d’atteindre avec ses missiles nucléaires ? Haine bestiale de la Beauté et de l’Harmonie éternelle - et de la principale Pompe à Tourisme… -  d’Athènes ? Un monologue du  marginal coupable de cette opération fanatique éclaire un tant soi peu ses mobiles. En 1944, le poète Yorgos V.Makris, surréaliste du « Mouvement des Irresponsables » - intitulé aussi « Les Annonciateurs du chaos » - publiait un tract sous le timbre de la « Société des saboteurs esthétiques d’antiquités » : Il faut faire sauter l’Acropole !  La lecture du roman dérangeant  de Christos Chryssopoulos enseigne comment, face à un attentat inouï, on rétablit la sécurité publique…

 

                                                                                                              Michel Boissard

 

La Destruction du Parthénon, Ch.Chryssopoulos, Actes Sud, 2012, 12 euros

 

 

Publié dans articles La Gazette

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