L’ELAN D’UNE DROITE FLÊCHE…

Publié le par Biblinimes

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A lire « Les Chiens de garde » (1932), qui administre une raclée idéologique  aux penseurs d’Etat de la IIIe République, André Gide admire les capacités d’indignation intellectuelle de l’auteur. Louant le sens de l’engagement de celui-ci, André Chamson en fait l’une des plumes de « Vendredi », l’hebdomadaire du Front Populaire dont il est co-directeur. Quant à Jean Paulhan, il a découvert le romancier à la NRF et publie chez Gallimard « La Conspiration » (1938) qui obtient  le Prix Interallié. L’uzétien d’origine, le cévenol enraciné et le nîmois de souche ont porté sur le pavois le tourangeau Paul Nizan (1905-1940). Le philosophe, l’écrivain et le journaliste. Que Jean-Paul Sartre, qui fut son condisciple et son ami au Lycée Henri IV et à l’Ecole normale supérieure fait redécouvrir - en préfaçant l’inoubliable pamphlet « Aden Arabie » (1932) -  à une autre génération.  En 1960. Exhumant de la longue nuit qui l’engloutit, le militant communiste rebelle au Pacte germano-soviétique et démissionnaire du PCF (1939).  Portraituré en costume de traître par Aragon dans ses jours staliniens (caricature qu’il reniera bien  plus tard).  Paul Nizan : tombé lors de l’offensive allemande sur Dunkerque le 23 mai 1940. Dont l’essayiste Yves Buin « biographie » avec empathie le « destin d’intellectuel révolutionnaire ». Fils d’un ingénieur de la SNCF, agrégé de philosophie, écrivain prometteur qui traverse les affrontements inexpiables et les oppositions radicales des années 1930. Dans le sillage de l’Octobre rouge. Face à la montée de la peste brune. « Nizan a horreur de la mollesse. » (Re) lisons donc « Antoine Bloyé » (1933)  et « Le Cheval de Troie » (1935). Ce ne sont pas récits pour chaisières marxisantes ou dévots du centralisme démo cratique. Mais,  pour reprendre des mots de Camus,  « au sommet de la plus haute tension, l’élan d’une droite flèche, du trait le plus dur et le plus libre>. »

 

                                                                                                                                      Michel Boissard

 

Paul Nizan, la révolution éphémère, Y.Buin, Denoël, 2012, 23 euros

Publié dans articles La Gazette

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