MARCELINE, LA POESIE FAITE FEMME…

Publié le par Michel Boissard

 

                                              

 

Une décennie s’est presque écoulée depuis que l’universitaire grenoblois Marc Bertrand nous procurait un ensemble de poèmes et nouvelles de Marceline Desbordes-Valmore (Douai, 1786 - Paris, 1859), chez l’éditrice gardoise Huguette Bouchardeau (Textes choisis, HB éditions, 2002). Une autre universitaire, lyonnaise, Christine Planté, vient aujourd’hui à sa rencontre. Rappelant dans la présentation de ce nouveau florilège poétique qu’au siècle dernier -  le XXe  - on a volontiers fredonné : « N’écris pas / Je suis triste et je voudrais m’éteindre… » sans toujours savoir que Les Séparés,  la chanson de Julien Clerc,  était due à l’un des « soleils du romantisme » (Claude Roy).  Aragon admirait le « charme valmorien ». Françoise Mallet-Joris écrit que Marceline « la révolte, la bouleverse, l’exaspère parfois ». Jean Dutourd parle, lui, de « la musique du cœur » émanant de sa prosodie. Fine et légère : « Car, pour nos amours, / La vie est rapide ; / Car, pour nos amours, / Elle a peu de jours. / L’âme doit courir /  Comme une eau limpide ; / L’âme doit courir, / Aimer ! et mourir. »  Mélancolique : « Pitié de moi ! J’étais l’eau douce ; /Un jour j’ai rencontré la mer /A présent j’ai le goût amer,  / Quelque part que le vent me pousse. » Amoureuse : «Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge,  / Si j’ose t’en parler, comment le définir ? » Passionnée : « Qui me rendra ces jours où la vie a des ailes / Et vole, vole, ainsi que l’alouette aux cieux, / Lorsque tant de clarté passe devant ses yeux… » Les cuistres, qui n’aiment pas la sincérité, l’ont surnommée : Notre-Dame des Pleurs. C’est qu’elle a  traversé rudement l’existence. On l’a baptisée aussi : Notre-Dame du Peuple. Ne serai-ce que pour ces deux vers : « La terre est toute à l’homme, et l’homme en est le roi. » et « Savez-vous que c’est grand, tout un peuple qui crie ? »

 

 

                                                                                                                Michel Boissard

 

L’Aurore en fuite, M. Desbordes-Valmore, Points-Seuil, 2010, 7,50 euros

Publié dans articles La Gazette

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