« UNCLE HENRY », L’EPISTOLIER

Publié le par Biblinimes

 

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Il faut vivre vieux, disait André Chamson. Le grand âge permet de témoigner. Frédéric Jacques Temple  (Montpellier, 1921) l’a fait avec une intrépide lucidité dans « Beaucoup de jours » (Actes Sud, 2009). Il récidive en publiant la correspondance qu’il a reçu, trente années durant, de l’écrivain américain Henry Miller (1891-1980). Beau geste de modestie. Puisque FJ. Temple considérant que ses propres lettres n’ont qu’« un intérêt mineur », nous livre les seules réponses de l’auteur de « La Crucifixion en rose »  (1949-1960). Ce monologue a un double mérite. Il met en relief une amitié fraternelle, rare en littérature - celle d’un  poète languedocien avec un des plus grands prosateurs américains du siècle dernier. L’un,   « Frère Jacques »,  a seulement 27 ans quand débute cette relation en 1948. L’autre,  « Uncle Henry », le fils du tailleur de Brooklyn, qui fut coursier à la Western Union Telegraph, est déjà l’écrivain du « Tropique du cancer » (1934) et du « Printemps noir » (1936)… Voyageur des deux rives de l’Atlantique. Bohême parisien des années 1930. Journaliste et chroniqueur, pourfendeur d’une Amérique puritaine et climatisée (Le cauchemar climatisé, 1945). Amant de la Grèce du  poète Séféris (Premiers regards sur la Grèce, 1999). L’Henry Miller que FJ.Temple met en scène est l’admirateur de Blaise Cendrars (1887-1961), l’ami du sommiérois Lawrence Durrell (1912-1990), le fréquent commensal  - à la Tuilerie de Massane, prés de Montpellier - de l’audois Joseph Delteil (1894-1978). C’est surtout un inlassable épistolier. La correspondance devient la matière première d’une œuvre profondément subjective. « L’autobiographie n’est que du plus pur roman. » écrit Miller dans « Les Livres de ma vie » (1957). Dont le premier chapitre intitulé « Ils étaient vivants et ils m’ont parlé » donne sa couleur au beau livre de FJ. Temple.

 

                                                                                                            Michel Boissard

 

Frère Jacques, Henry Miller, Finitude, 2012, 20 euros

 

Publié dans articles La Gazette

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