Un roman à l’ombre de Marcel Proust

Publié le par Michel Boissard

Un roman à l’ombre de Marcel Proust

 

Tant y sont magnifiquement réunis les thèmes, le style, la manière et la singularité d’écriture du médecin montpelliérain, que ce roman de François-Bernard Michel constitue une somme de l’existence et de l’inspiration de l’écrivain. S’y entrelacent la passion du métier, l’amour des femmes, la dilection pour la littérature, le goût de la ville et le sens de l’humain. S’y ajoutent les brûlures de l’Histoire. Nous sommes à l’été 1944. A Montpellier, qui mérite ici le titre de « petite capitale secrète de la France » que lui donne Valéry Larbaud. Le narrateur adolescent profite du désordre matériel et du désarroi moral de la fin de l’Occupation, pour se livrer à quelque razzia dans une villa du quartier des Arceaux, close et mystérieuse « derrière un rideau de bambous vert et frais » (encore Larbaud). Le sein d’une jeune femme blonde – rond, harmonieux, frais, parfait – entrevu à la faveur de cette virée va le poursuivre au long de sa vie d’adulte. De cette émotion de jeunesse naîtra la quête d’une mémoire occultée qui entremêle les persécutions antisémites, la naissance d’un amour, les promesses et les désillusions du sacerdoce médical, de récurrentes références aux livres lus – viatique contre la mélancolie et le désespoir. Proust surtout, dont l’esprit hante ces pages : « Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant, et les maisons, les routes, les avenues sont fugitives, hélas, comme les années. »

Michel Boissard

 

Sein,  FB. Michel, Le Rocher, 2006, 16 euros

Publié dans articles La Gazette

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