UNE VOIX A HAUTEUR DES PAUVRES

Publié le par Michel Boissard

Ils sont – selon l’expression de Jean-Claude Lamy, critique littéraire du « Midi Libre » - des « frères amis ». Jacques (1900-1977) et Pierre (1906-1988) Prévert. Un duo sous les signes croisés de la poésie et du cinéma. Sans oublier la photographie ni la peinture - de Doisneau à Picasso et Miro. Ni le surréalisme et la révolution - et le  « Groupe Octobre » (1933). Ni « Paris le Belle » ni la « Chanson de Barbara » : quelle connerie la guerre ! Tout s’emmêle dans ces deux existences où création  rime avec contestation.  Souvenons-nous ou redécouvrons ensemble… Pour Jacques : « Je dis tu à tous ceux que j’aime / même si je ne les ai vus qu’une fois / Je dis tu à tous ceux qui s’aiment/ même si je ne les connais pas ». Pour Pierre « L’Affaire est dans le sac » (1932) dont la virtuosité filmique arrache à Malraux ce mot : « Prévert, il a une intelligence organique. » Derechef pour Jacques : « …Marche ou crève. / Toi t’es vigneron dans le midi / Et c’est dans le nord qu’y a la grève / Si on te laissait dans ton pays / Et qu’on te donne l’ordre de tirer / Tu ne tirerais pas sur ton père » Et encore pour Pierre «Le  Petit Claus et le Grand Claus » sur les étranges lucarnes de 1964… Enfin, chez Jacques, accompagné de la silhouette de Gabin « aux yeux bleus », de la voix de Montand qui chante aux « Portes de la nuit », cet aphorisme pour politiques de tous les  temps : « Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie. »

                                                                                                                                             

                                                                                                                                                  Michel Boissard

Prévert, les frères amis, J.C. Lamy, Albin Michel, 2008, 20,90 euros

Publié dans articles La Gazette

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