ENCORE UNE FOIS LA PETITE MUSIQUE…

Publié le par Biblinimes

 

                                                       http://www.images.hachette-livre.fr/media/imgArticle/Fayard/2011/9782213666471-V.jpg

Nature et culture s’entrelacent pour le démontrer : la France est le pays de la littérature. En atteste un nouveau recueil d’entretiens avec des auteurs des années 1950-1960 de la journaliste et romancière Madeleine Chapsal (1926), qui fut une « grande plume » de « L’Express ». Où elle avait déjà scruté une vingtaine d’ « Ecrivains en personne », de Bachelard à Tzara en passant par Céline… Lequel lui avait fourni l’expression d’un premier titre : « Envoyez la petite musique » (Biblio Essais, 1987) Cédant à une géographie « sudiste », écoutons donc parmi « Ces voix que j’entends encore », celle du futur Prix Nobel de Littérature 1985 Claude Simon – le vigneron de Salses (Pyrénées orientales). Le maître du Nouveau roman définit en une formule-choc sa conception de l’écriture de fiction : « S’exprimer en 1960 avec la phrase de Stendhal, c’est se promener en calèche. » On le  retrouve (curieusement ?) au côté d’un autre Nobel, celui de 1960, le  poète Saint-John Perse, installé sur la presqu’île de Giens, évoquant sa « Route de braises et non de cendres… » Pour mieux confirmer dans une langue hiératique et superbe que « Le poète est avec vous. Ses pensées parmi vous comme des tours de guet. »  Native d’Orange, la normalienne Colette Audry (1906-1990), Prix Médicis pour « Derrière la baignoire » (1962), petite-nièce du gardois - et Président de la République, Gaston Doumergue, engagée  dans le sillage de Simone de Beauvoir, le souligne : « Sans la politique, j’aurais l’impression de me dorloter, mais sans la littérature, je n’existerais plus. » Lancé par le subtil linguiste - et nîmois, Jean Paulhan, véritable « patron » des lettres françaises, l’avignonnais Yves Berger (Le Sud, 1962) le dit aussi à sa façon : « La vraie vie manque, mais elle est dans les livres. » Le bouquet est dû au conteur Jean Giono (1895-1970) : « Vous savez, moi, je ne suis pas intelligent. Je ne sais pas m’analyser. »

 

                                                                                                                                 Michel Boissard

 Ces voix que j’entends encore, M.Chapsal, Fayard, 2011, 20 euros

 


Publié dans articles La Gazette

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