LE BONHEUR AVEC UN CHAPEAU CHINOIS

Publié le par Biblinimes

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Anne Bragance (1945) joue sur les mots. Avec une virtuosité égale à celle dont elle anime sa comédie humaine. Une affection longue durée, c’est l’histoire amoureuse, inévitablement transformée en attachement conjugal, qui lie depuis vingt ans Florent à Béatrice. L’architecte et le professeur d’anglais. Trois enfants ont scellé cette union : Sophie, 18 ans, Sabine, deux de moins, et le petit dernier, Sylvain, une dizaine d’années. Il faut revenir à Hervé-Bazin pour trouver un réalisme aussi vigoureux dans la dissection d’une existence familiale banale et monotone. Bonheur des couches moyennes ! Qui explose lorsque Florent déclare à Béatrice : « Notre histoire a davantage de passé que d’avenir. » Et sans prendre ni cliques ni claques, largue femme et enfants. Car la vraie vie est ailleurs… Une affection longue duréeest encore le mal psychologique qui s’empare de chacun des membres du noyau familial. Voici l’épouse délaissée hospitalisée en vue d’une imaginaire ( ? ) longue maladie... Tandis que Sophie affiche une révolte ostentatoire. Que Sabine endosse les habits de la soeur responsable. Maternant le jeune Sylvain au désespoir. Le récit relèverait d’un « dossier » pour JT de 20 heures consacré aux conséquences humaines et sociales du divorce, si Anne Bragance n’avait construit un roman polyphonique. Chacun des protagonistes prend alternativement la parole. Les points de vue se confrontent et se chevauchent. Brossant une sorte de fiction impressionniste. Eclairée par la requête de la fille cadette écrivant à son père fugitif : «Dans ta réponse, arrange-toi pour placer le mot bonheur et chapeaute le o d’un bel accent circonflexe. » Un antidote : le Bônheur, avec un chapeau chinois ?

 

     Michel Boissard

 

Une affection longue durée, A. Bragance, Le Mercure de France, 2011, 14 euros

Publié dans articles La Gazette

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