Le soufre et le moisi: Hussards et Grognards

Publié le par Michel Boissard

Le soufre et le moisi: Hussards et Grognards

 

Né à Nîmes, imitant pour Grasset le rôle de découvreur littéraire dévolu à Paulhan chez Gallimard, romancier connu des années 1930, André Fraigneau, l’Occupation venue, se laisse circonvenir par le chant des sirènes de la Propaganda Staffel. Il y a un demi-siècle, cinq jeunes écrivains de droite – les Hussards – s’emploient à l’extraire du purgatoire où cette indignité l’a précipité. En donnant chacun une « carte-préface » à son roman « L’Amour vagabond », Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent, Roger Nimier et Kléber Haedens réussissent ensemble un coup de maître qui n’est pas leur coup d’essai. En ce même temps où l’engagement est de mise dans le roman, ils réhabilitent l’insolence, la désinvolture, la rapidité, les élans du cœur – et ces deux Grognards de la Collaboration, devenus des has been de la littérature d’après-guerre : Jacques Chardonne et Paul Morand, respectivement nés en 1884 et 1888. Le romancier du couple (Les Destinées sentimentales), descendant d’un maître de chai du cognac, et le poète du cosmopolitisme (Rien que la terre), époux d’une princesse roumaine et ambassadeur de France, ont eu le coup de foudre pour l’Europe germanisée. Leur correspondance, encore quasi inédite, révèle leur gémellité idéologique : anticommunisme, antisémitisme, antigaullisme, réaction sur toute la ligne. On comprend que l’essai littéraire que nous procure Philippe Dufay s’intitule « Le soufre et le moisi ».

 

Michel Boissard

 

Le soufre et le moisi, la droite littéraire après 1945, P. Dufay, Perrin, 2006, 16,5 euros.

Publié dans articles La Gazette

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